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Le Résistant : Les brebis ont convaincu plusieurs châteaux – Valérie BARDIN

Le Résistant : Les brebis ont convaincu plusieurs châteaux – Valérie BARDIN

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L’expérience de l’an passé a convaincu plusieurs châteaux d’accueillir des brebis des Pyrénées. Un partenariat éleveur viticulteur gagnant gagnant.
Valérie BARDIN

Cette année, les pensionnaires accueillies sont environ 400 et 8 vignobles de plus participent au projet, les Châteaux Mazeris-Bellevue, Lambert, Richotey, Plain Point, La Rivière, Les Roches Ferrand, du Gazin et Barrabaque. Éric Gutierrez représentant Civam et PPML (Centre d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture en Milieu rural et Produire Partager Manger Loocal), Yannick Yaunet le chef de culture du Château de La Dauphine et Olivier Maurin éleveur dans les Pyrénées, forts de leur expérience de l'année précédente sont à l'origine de la création de ce partenariat et du collectif entre éleveurs et viticulteurs. « On côtoyait des vignerons qui avaient envie de renouer avec cette tradition de la transhumance en terre girondine et des éleveurs qui avaient envie de vider les bergeries l'hiver puisque les brebis ne sont pas productives, on y a réfléchi avec l'association Produire Partager Manger Local en Gironde, et on a imaginé comment faire revenir les brebis dans les vignes mais pas d'un point de vue folklorique, même si cela fait plaisir à beaucoup de monde de les voir, mais d'un point de vue paysan, c'est-à-dire imaginer comment des paysans girondins et des paysans montagnards pourraient mettre ensemble leurs moyens pour atteindre leurs objectifs et faire entretenir leurs vignobles par des animaux plutôt que d'utiliser les tracteurs pour les premiers et vider les bergeries pour les autres… Et la différence fondamentale entre ce qui se fait aujourd'hui et ce qui se faisait-il y a 50 ans c'est que le gardiennage des brebis est assuré par un salarié et que le salarié il faut le payer, donc si on veut envisager un projet durable dans le temps, il faut que ce projet soit viable économiquement », explique très bien Éric Gutierrez.

Les vignerons et les éleveurs se sont donc accordés sur la répartition des frais, les éleveurs prennent en charge le transport (en camions depuis les Pyrénées jusqu'à Fronsac) et le fourrage et les viticulteurs s’occupent du reste, notamment des infrastructures, quatre bergeries ont vu le jour sur quatre domaines, le salaire du berger et son hébergement. L'opération n'avait pas trouvé son équilibre l'an dernier au regard du nombre de brebis accueillies, uniquement 200 brebis sur un château.

L'idée a été cette année d'augmenter le nombre de brebis pour diluer les charges financières et d'augmenter les surfaces pour qu'il y ait davantage de partenaires capables d'absorber les charges. Le but étant pour les éleveurs que cela ne leur coûte pas plus cher que s'ils gardaient les brebis chez eux et aux viticulteurs pas plus cher que de faire passer un tracteur et un broyeur dans leurs vignes, avec pour les vignerons un objectif agronomique, la gestion de l'herbe dans leurs vignes et pour les éleveurs un objectif aussi de santé animale, les herbivores sont toujours en meilleure santé quand elles mangent de l'herbe pâturée plutôt que du foin. « En fait c'est un échange gagnant-gagnant pour tous, nos vignes sont magnifiquement entretenues par les brebis, et un éleveur venu la semaine dernière voir comment aller ses animaux les a trouvées magnifiques » comment Karine Pontalier propriétaire du château Richotey qui a eu les brebis sur ses terres la semaine dernière.

Thomas Do Chi Nam, directeur technique du château de La Rivière est ravi: « avec leurs sabots les animaux travaillent la première couche du sol et c'est bon pour l'empreinte carbone, car on ne se sert plus des machines, et les brebis sont arrivées un peu efflanquées en novembre et maintenant elles sont presque grassouillettes ».

Quatre bergeries ont été construites sur quatre domaines pour permettre aux brebis d'être à l'abri le soir après leurs journées de tonte sur les terres fronsadaises, au Château de La Rivière, au Château de La Dauphine, au Château Arnauton et à celui de Plain Point. Et comme nous le dit Pascal Berry chef de culture aux Châteaux Plain Point et Arnauton « les brebis apportent de l'engrais naturel avec leurs déjections et le fait de pâturer évite de tondre, l'amendement est naturel et les hébergeants, ceux qui ont des bergeries sur leurs terres gardent le fumier naturel des brebis » Éric Gutierrez en est convaincu « on a vécu des années en s'appuyant sur l'énergie fossile, maintenant on a des retours d'expérience et on est amené à se poser des questions… comment faire pour continuer à avoir une paysannerie, des qui s'entendent, viticulteurs et éleveurs, pour donner un avenir à nos métiers et avoir une autre vision du monde… Si on veut avoir un avenir durable sur cette planète, il ne faut pas se tromper de voie… »

Infos

https://www.produits-de-nouvelle-aquitaine.fr/personnes/producteurs/eric-guttierezproducteur-fromage-de-brebis-bio/
https://www.civam.org/

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