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TaguéLE MONDE – Véronique Sanson ne tire pas sa révérence – Bruno LESPRIT
Véronique Sanson ne tire pas sa révérence
Entre joie funk et ballades crève-cœur, la chanteuse rayonne en tournée. Après trois dates à Paris, au Palais des sports, elle a prévu de sillonner la France jusqu’à l’été.
MUSIQUE
Hasta Luego », est-il écrit sur l’affiche devant le Palais des sports-Dôme de paris, avec son visage souriant, et non adios. A 73 ans, Véronique Sanson ne cède pas à la vogue des tournées d’adieu, qui prolifère depuis quelque temps chez les baby-boomeurs, (Elton John, Kiss, à à venir Roger Waters et Michel Sardou…) et préfère dire « à bientôt » - au pire, « à plus tard ». Et elle tient parole, puisque la voilà déjà de retour dans la capital pour trois soirées, comme ce fut le cas aux Folies-Bergère en novembre 2022. Dans ce Palais des sports de la porte de Versailles qui fut le temple de Johnny Hallyday, mais aussi le sien.
Véronique Sanson connait un peu cette coupole puisqu’elle s’y arrête pour la septième fois. La dernière, c’était pas plus tard qu’en 2019. La première, en 1978, donne une idée de son statut cette année-là, puisque jamais auparavant une artiste française n’avait été programmée dans cette salle inaugurée en 1960 et pouvant accueillir 5 000 spectateurs, rareté à l’époque. Elle manqua d’être la première femme à y chanter, précédée de peu par Aretha Franklin - un honneur plutôt qu’une déception. Sanson venait d’enregistrer son cinquième album, Hollywood, jalon de son exil américain en compagnie de la rockstar Stephen Stills, qui allait bientôt se transformer en enfer.
Son tour de chant rappelle aussitôt comment elle fit la différence. Entrée à l’américain après une intro instrumentale au groove cuivré. Sur scène, ils sont déjà dix, exclusivement masculins, avec une impeccable section de souffleurs (trompette, trombone et saxophone), un batteur doublé d’un percussionniste, un bassiste, un guitariste, un clavieriste et deux choristes.
En costume brodé avec une croix dans lame dos comme les portent les vedettes de Nashville (pour changer des « queues-de-pie », précise-t-elle), Sanson salue le public puis se dirige vers son piano pour Celui qui n’essaie pas (ne se trompe qu’une seule fois).
La sensibilité est française, avec ces joies et ces peines de femme que seule Barbara avant elle sut impose »r en tant qu’autrice et interprête. Le son est californien, et personne dans ce pays n’aura sur se l’approprier ainsi. Des mélodies aussi belles que celles de Michel Berger, l’éloquence et la flamboyante en plus. En conséquence, les albums de Sanson ont en général merveilleusement vieilli, références indépassables pour Jeanne Cherhal ou Juliette Armanet.
Marc Lavoine en invité surprise.
Le dernier en date n’est pourtant pas récent puisque Dignes, dingues, donc… remonte à 2016, ce dont on ne lui tiendra pas rigueur en raison de problèmes de santé qu’elle a connus. Sanson ne s’y attarde d’ailleurs pas, avec un seul extrait (le single Et je l’appelle encore), mais elle offre tout de même deux inédits qui laissent envisager un nouvel album.
Hasta Luego, qui baptise donc cette tournée, a été écrit avec Vianney, « sans que l’on sache qui fait quoi », indique-t-elle. Mélodiquement et rythiquement, cette chanson country-rock est du pur Sanson, le texte aussi (« je ne peux plus me mentir à moi-même », une antienne de son répertoire), et on peine à y trouver trace de l’auteur de je m’en vais.
Plus dramatique, la deuxième nouveauté, Signes, transporte également en terrain connu. « Je ne peux plus vivre comme ça en m’oubliant », chante-t-elle.
Le ton général n’est pourtant pas à la complainte, plutôt à la joie soul et aux syncopes funk - Bernard’s Song (Il n’est de nulle part) doit beaucoup à l’art de Stevie WOnder - et aux effusions salsa pour un Alia Souza plus portoricain que brésilien. A une polka jouée à La Nouvelle Orléans avec cette Chanson sur l’a drôle de vie redevenue un tube grâce au film Tout ce qui brille (2010), qu’elle termine en cat, ou au rock sudiste façon Lynyrd Skynyrd pour On m’attend là-bas.
Ni Le Maudit, ni Besoin de personnes ni Vancouver ne manquent à l’appel, et qui s’en plaindra? Généreuse, Sanson laisse à son fiston, Chris Stills, le soin d’interpréter seule une de ses créations (Where Love is Found), avant d’annonce une « surprise » pour Une nuit sur son épaule. L’invité ne sera pas le rappeur américain Jay-Z, qui en avait repris la mélodie et même semple la voix de Sanson pour History (2008), mais Marc Lavoine.
Evidemment, Le Temps est assassin, rappelle-t-elle. La voix est contrainte de référer ses envolées, le vibrato utilisé avec parcimonie, mais le timbre trouve une autre vérité, plus grave, avec des fêlures et des imperfections qui rapprochent de l’émotion à vif de Barbara. Et ce n’en est pas moins beau.De plus en plis dépouillés, les rappels finissent par la laisser en tête à tête avec son public.
Les frissons que procure Amoureuse, en piano, vois et chorus dos-top, Ma révérence et Bahia font alors rêver d’une tournée solo. Plus tard peut-être, pour ses adieux.
Bruno Lesprit.
Tournée Hasta Luego :
les 23 et 24 mars au Palais des sport-Dôme de Paris, Paris 15°
le 5 avril au Liberté, Rennes (complet)
le 11 à l’Aéra à Futuroscope, Poitiers
le 16 à la Cité des congrès, Nantes (complet)
le 19 avril au Zénith d’Orléans
le 22 au Vinci, Tours
le 2 mai au Colisée, Roubaix (complet)
le 15 juin au festival Voix de femmes, Maury (Pyrénées-Orientales)
le 30 juin au festival Soeurs jumelles, Rochefort
le 7 juillet au festival Confluent d’Arts, Château de La Rivière (Gironde)
le 15 juillet au festival de Carcassonne
le 22 au Martigues Summer Festiv'hall